Faut-il rompre les contacts et laisser le silence s’installer entre la personne en arrêt maladie et son employeur ? Ou garder le contact et préparer l’avenir ?
Lorsqu’un employé est en arrêt de travail, la suspension du contrat de travail ne signifie pas pour autant qu’il faille rompre toute communication. Bien au contraire, maintenir le contact et préparer l’avenir s’avère être une stratégie bien plus bénéfique, tant pour l’employé que pour l’entreprise, au regard de la prévention de la désinsertion professionnelle. La loi Santé a mis en place des dispositifs dans ce but. Voici pourquoi et comment garder le contact et préparer le retour à l’emploi.
Pourquoi maintenir le contact ?
Le soutien moral : instaurer un contact régulier montre le soutien de l’employeur et aide à maintenir un sentiment d’appartenance à l’entreprise, essentiels pour le moral de la personne.
La relation de confiance : maintenir le lien permet de nourrir la relation de confiance en rassurant la personne sur la façon dont ses missions sont prises en charge durant son absence et en la tenant au courant des évolutions dans l’entreprise.
La préparation du retour dans l’emploi : grâce à ce contact régulier, il est plus facile de repérer le moment où la personne commence à se projeter dans son avenir professionnel ou semble avoir envie de se projeter sans forcément savoir comment s’y prendre. Pourra-t-elle retourner à son poste, rester dans l’entreprise en acceptant un autre poste, envisager une reconversion ? Il est possible alors de déclencher un accompagnement structuré et de mobiliser les aides disponibles.
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Comment garder le contact ?
- Respecter la confidentialité et la volonté de la personne : assurez-vous que la personne est d’accord pour maintenir le contact pendant son arrêt. Respectez ses limites et sa volonté de partager des informations sur sa santé.
- Adapter la communication : utilisez des moyens de communication qui conviennent à la personne, que ce soit par e-mail, téléphone ou visioconférence, en veillant à ne pas être intrusif.
- Mettre en place un plan de retour progressif : en collaboration avec les services RH et la médecine du travail, préparez un plan de retour au travail qui prend en compte les capacités actuelles de la personne ou les conditions de réussite de son rétablissement.
- Mettre les compétences à niveau : proposez des formations en ligne ou des mises à jour sur les projets de l’entreprise pour que la personne ne se sente pas déconnecté.
- Apporter du soutien psychologique et professionnel : si nécessaire, offrez un accès à un soutien psychologique ou à un coaching professionnel pour accompagner la personne dans cette période de transition.
- Faire des visites de courtoisie : selon les préférences de la personne, des visites occasionnelles de collègues ou de managers peuvent aider à renforcer le sentiment d’appartenance à l’équipe.
Comment utiliser les dispositifs existants ?
Le rendez-vous de liaison : ce dispositif permet d’organiser des rencontres pendant l’arrêt pour raison médicale, entre la personne et son employeur, en association avec le Service de Prévention et de Santé au Travail, pour formaliser un suivi et discuter dès que possible des conditions du retour au travail. C’est l’occasion d’évaluer ensemble les adaptations nécessaires et de planifier le retour de manière progressive et sécurisée. Le rendez-vous de liaison peut être organisé à la demande de l’employeur ou de la personne, dès que l’arrêt maladie dépasse 30 jours consécutifs ou non-consécutifs.
Le Référent Handicap peut être présent si la personne a donné son accord.
Dans le secteur public, le rendez-vous de liaison fonctionne de la même manière, à ceci près que c’est le médecin de prévention qui est sollicité pour la partie médicale.
L’essai encadré : ce dispositif est mobilisé pendant l’arrêt pour raison médicale. L’essai encadré offre à la personne la possibilité de tester ses capacités à reprendre :
- son ancien poste
- son ancien poste avec des aménagements au titre de la compensation du handicap
- un autre poste, éventuellement adapté, toujours chez son employeur actuel
- =un poste de travail dans une autre entreprise
Quand l’essai est effectué dans l’entreprise d’origine, cela permet d’évaluer l’adéquation des aménagements réalisés et de s’assurer que la personne peut reprendre son poste sans risque pour sa santé.
Quand l’essai est effectué dans une autre entreprise, cela permet à la personne de confirmer ou pas sa nouvelle orientation professionnelle.
L’essai encadré est plus communément utilisé dans le secteur privé. Cependant, un dispositif similaire peut être mis en place dans le secteur public, pour permettre à la personne de reprendre le travail pour une période déterminée sous supervision, afin de tester les aménagements réalisés et d’assurer une reprise sécurisée. D’une façon générale, l’adaptation du poste de travail selon les recommandations du médecin de prévention est une pratique courante dans le secteur public, pour prévenir la désinsertion professionnelle.
La convention de rééducation professionnelle : c’est également un dispositif que l’on peut mobiliser pendant l’arrêt maladie. Quand le retour au poste précédent s’avère impossible, la convention de rééducation professionnelle permet à la personne de suivre une formation pour acquérir de nouvelles compétences et s’orienter vers un autre métier, dans le but d’une réinsertion professionnelle durable et adaptée à ses capacités du moment.
Le congé pour invalidité temporaire imputable au service (CITIS) : c’est un dispositif qui n’existe que dans le secteur public. Il concerne les fonctionnaires victimes d’un accident de service ou d’une maladie professionnelle. Il permet de maintenir le lien d’emploi tout en assurant la prise en charge de la personne.
La Période de Préparation au Reclassement (PPR) : c’est également un dispositif qui n’existe que pour les fonctionnaires dans la fonction publique. L’objectif est d’assurer une transition professionnelle réussie pour les agents en situation de handicap, en les aidant à redéfinir leur projet professionnel et à acquérir de nouvelles compétences adaptées à leur situation. Cette aide a pour objet de préparer et, le cas échéant, de qualifier son bénéficiaire pour l’occupation de nouveaux emplois compatibles avec son état de santé, s’il y a lieu en dehors de son administration d’affectation. Elle dure en principe un an, jusqu’au reclassement.
- Elle comprend un bilan de compétences approfondi.
- Elle peut comporter, dans l’administration d’affectation de l’agent ou dans toute administration ou établissement public, des périodes de formation, d’observation et de mise en situation sur un ou plusieurs postes.
Il est important de souligner que le cadre législatif et les dispositifs disponibles peuvent varier selon les statuts (fonction publique d’État, territoriale ou hospitalière) et les réglementations spécifiques à chaque secteur. La collaboration avec les services RH, le médecin de prévention, et le FIPHFP (Fonds pour l’Insertion des Personnes Handicapées dans la fonction Publique) est cruciale pour naviguer parmi ces options et mettre en œuvre des solutions adaptées au cas par cas.
Conclusion
Pendant l’arrêt maladie, le Référent Handicap, sous réserve de l’accord de la personne concernée, peut mener des actions pour garder le contact et prévenir la désinsertion professionnelle. La réussite réside dans l’anticipation et la mise en place d’un accompagnement structuré, en concertation avec l’équipe RH et le Service de Prévention et de Santé au Travail.
D’une façon plus large, l’accompagnement tout au long de l’absence pour raison médicale démontre l’engagement de l’entreprise envers ses employés et contribue à une culture d’inclusion et de bien-être au travail. En collaborant étroitement avec l’employé et les professionnels de santé, l’employeur peut faciliter une réintégration réussie et bénéfique pour toutes les parties.