La Prévention de la Désinsertion Professionnelle (PDP) des Travailleurs Handicapés est une évolution majeure des politiques d’entreprise en faveur des Personnes en Situation de Handicap. En effet, le Référent Handicap n’est plus centré sur le maintien dans l’emploi mais cherche à détecter les signaux faibles qui pourraient alerter sur une situation susceptible de se détériorer. C’est tout l’enjeu des interventions dès l’apparition de signes pouvant être interprétés comme contre-productifs pour la pérennité de l’insertion professionnelle. De quels signes parle-t-on ? Comment les détecter ? Quelle est la mission du Référent Handicap ?
Quels signaux faibles ?
La première étape de la prévention de la désinsertion professionnelle est de repérer les signes précoces d’alerte ou signaux faibles. De quels signes parle-t-on ? En fait, ils peuvent être quantitatifs (nombre ou durée des absences, erreurs professionnelles, sollicitations répétées…) ou qualitatifs (changement de comportement, tensions relationnelles, repli sur soi, souffrance…). Dans tous les cas, les signaux devront être d’autant plus pris au sérieux qu’ils apparaitront contre-productifs pour une insertion professionnelle réussie.
Voici des exemples de signaux faibles :
- Baisse de performance : un changement notable dans la qualité ou la quantité du travail peut indiquer des difficultés liées à la santé ou au handicap.
- Augmentation de l’absentéisme : des absences fréquentes ou prolongées peuvent être le signe de problèmes de santé sous-jacents.
- Changements dans le comportement : retrait, irritabilité, baisse de motivation ou de l’engagement peuvent révéler un mal-être.
- Difficultés relationnelles : des conflits répétés avec les collègues ou les supérieurs peuvent indiquer une situation de malaise ou de stress.
- Demandes d’aménagement : une augmentation des demandes d’aménagements spécifiques ou de changements de poste peut signaler une aggravation du handicap ou de l’état de santé.
- Visites à l’infirmerie : un nombre inhabituel de sollicitations peut correspondre à des problèmes de santé parfois très impactants.
- Commentaires des collègues : les retours ou observations des collègues et des managers peuvent fournir des indices sur des changements dans l’état de santé ou le comportement d’un employé.
Idéalement, il faudrait que la personne en souffrance demande elle-même de l’aide. C’est rarement le cas. D’où l’importance de détecter les situations de fragilité.
Comment détecter les signaux faibles ?
La prévention de la désinsertion professionnelle s’appuie sur la détection de signes précoces d’alerte ou signaux faibles. Ces signaux faibles sont d’autant plus faciles à repérer que la personne en souffrance est proche et peut être observée au quotidien. Ce sont donc les collègues en proximité, et le manager s’il travaille sur le même site, qui sont les mieux placés pour détecter les signaux faibles. Encore faut-il qu’ils les signalent et que l’information arrive jusqu’au Référent Handicap. C’est sur ce point qu’il est important de mettre en place une procédure et de sensibiliser les acteurs aux enjeux de ce signalement.
Voici quelques bonnes pratiques :
- Mise en place d’un système de veille : créer des canaux permettant aux personnes de signaler facilement leurs préoccupations et observations.
- Entretiens réguliers : organiser des rencontres périodiques avec les personnes pour discuter de leur bien-être et de leur expérience au travail.
- Formation des managers : sensibiliser et former les managers à reconnaître les signaux faibles et à agir de manière appropriée.
- Collaboration avec les services de santé au travail : travailler en étroite collaboration avec ces services pour suivre l’état de santé des employés et proposer des interventions préventives.
- Suivi des absences de 30 jours : les arrêts maladie de 30 jours consécutifs ou non consécutifs doivent être relevés et donner lieu à un rendez-vous de liaison. Le rendez-vous de liaison est initié par l’employeur ou la personne en arrêt maladie : il a pour objet d’informer le salarié qu’il peut bénéficier d’actions de prévention de la désinsertion professionnelle, d’un examen médical de préreprise ou de mesures d’aménagement, voire d’un accompagnement structuré. L’objectif est d’utiliser au mieux le temps de l’arrêt maladie à partir du moment où la personne recommence à avoir envie de faire des projets et de regarder vers l’avenir, comme réfléchir et préparer un futur professionnel compatible avec sa nouvelle situation.
Quel rôle doit jouer le Référent Handicap ?
Dans la perspective de la prévention de la désinsertion professionnelle, le Référent Handicap s’avère un acteur majeur. Voici les moyens qu’il peut mettre en œuvre :
- L’intervention précoce : agir dès les premiers signaux pour mettre en place des mesures de soutien, d’accompagnement ou d’aménagement du poste de travail.
- La coordination des actions : assurer la liaison entre la personne en souffrance, les services RH, les managers.
- La collaboration avec la cellule pluridisciplinaire du Service de Prévention et de Santé au travail pour une prise en charge holistique.
- Le suivi personnalisé : mettre en place un suivi individualisé pour chaque personne concernée, en ajustant les mesures de soutien selon l’évolution de leur situation.
- La promotion de la culture d’inclusion : sensibiliser l’ensemble de l’entreprise aux enjeux de la santé au travail et à l’importance de prévenir la désinsertion professionnelle.
Le Référent Handicap joue donc un rôle clé dans la prévention active de la désinsertion professionnelle, en agissant dès l’apparition de signaux faibles. Cette approche proactive permet de garantir la pérennité de l’insertion professionnelle des Personnes en Situation de Handicap ou avec des problèmes de santé, au bénéfice de l’individu comme de l’ensemble de l’organisation.
Toutefois, le Référent Handicap ne peut agir seul. Il a besoin de financeurs et de partenaires experts pour assurer un accompagnement efficace.
Les financeurs et partenaires experts : des acteurs clés de la prévention de la désinsertion professionnelle
Pour mener à bien la prévention de la désinsertion professionnelle des travailleurs handicapés, le Référent Handicap doit s’appuyer sur un réseau solide de financeurs et de partenaires spécialisés. En effet, différentes structures peuvent accompagner l’entreprise dans la mise en place de solutions adaptées, tant sur le plan financier que sur l’expertise technique liée à chaque type de handicap.
D’un côté, des financeurs tels que l’AGEFIPH, le FIPHFP, Cap emploi, la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées), la CARSAT ou encore les OPCO proposent des aides financières pour l’adaptation des postes, la formation ou le maintien dans l’emploi des salariés en situation de handicap. Ces dispositifs permettent d’alléger le coût des aménagements et de favoriser une prise en charge adaptée aux besoins spécifiques des collaborateurs.
De l’autre, des partenaires experts apportent leur savoir-faire pour faciliter l’inclusion et la prévention des risques de désinsertion. Ces partenaires sont souvent spécialisés dans des types de handicaps, permettant ainsi une approche adaptée aux besoins individuels des travailleurs :
- Handicap moteur :
Les ergonomes et structures comme l’APF France Handicap proposent des solutions d’adaptation des postes de travail, des équipements spécifiques (fauteuils ergonomiques, prothèses adaptées) et des conseils en aménagement des espaces. - Handicap auditif :
Des organismes comme l’URAPEDA ou l’INJS (Institut National des Jeunes Sourds) offrent des conseils en accessibilité, la mise en place de dispositifs de transcription, d’interprètes en langue des signes ou encore de formations à la communication adaptée. - Handicap visuel :
La FAF (Fédération des Aveugles de France) et l’AVH (Association Valentin Haüy) accompagnent les entreprises dans l’adaptation des outils numériques, la formation à l’utilisation de logiciels adaptés (ZoomText, JAWS) et l’aménagement des espaces de travail. - Handicap psychique :
Des associations comme l’UNAFAM (Union Nationale de Familles et Amis de Personnes Malades et/ou Handicapées Psychiques) apportent leur expertise en matière d’accompagnement des personnes en souffrance psychique, d’intégration progressive et de suivi personnalisé. - Troubles cognitifs (dyslexie, dyspraxie, TDAH, autisme, etc.) :
Des organismes spécialisés comme la FFDys (Fédération Française des DYS) ou Autisme France aident les entreprises à adapter leurs pratiques et outils de travail, en proposant des méthodes de compensation et des ajustements pédagogiques.
En collaborant étroitement avec ces experts, le Référent Handicap peut proposer des solutions personnalisées et adaptées aux besoins spécifiques des salariés, garantissant ainsi une meilleure intégration et une prévention efficace de la désinsertion professionnelle.