Un sentiment de malaise face au handicap peut être éprouvé par des personnes dans certaines circonstances. Ce phénomène s’explique en partie par la théorie de la dissonance cognitive, développée par Leon Festinger en 1957 dans son ouvrage « A Theory of Cognitive Dissonance ». La dissonance cognitive se manifeste lorsque nos croyances, attitudes ou comportements se heurtent à une réalité qui les contredit, générant ainsi un inconfort psychologique. Dans le contexte du handicap, cette tension peut apparaître lorsqu’une personne se perçoit comme ouverte et inclusive, mais ressent en même temps un malaise face à des situations ou des comportements qui défient cette image idéalisée. Cet article se propose d’examiner comment cette dissonance se traduit concrètement dans les interactions et les environnements professionnels, et d’identifier des pistes pour atténuer ce malaise en favorisant une meilleure compréhension et des pratiques inclusives.
Fondements théoriques
La théorie de la dissonance cognitive postule que les individus éprouvent un sentiment de malaise lorsque leurs croyances, attitudes ou comportements sont en contradiction.
Pour réduire cette dissonance, ils peuvent :
- Changer leurs attitudes ou comportements
- Justifier leurs comportements par le changement de leurs croyances existantes,
- Minimiser l’importance des contradictions.
Application au contexte du handicap
- Le sentiment de malaise face au handicap peut survenir comme dissonance cognitive lorsque quelqu’un, qui se considère comme une personne ouverte et inclusive, se retrouve mal à l’aise face à une personne handicapée.
- Ce malaise peut créer une tension intérieure car il est en contradiction avec leur auto-image positive.
Bonnes Pratiques pour gérer le sentiment de malaise face au handicap
- Sensibilisation : l’objectif est de réduire les stéréotypes ou les malentendus qui peuvent causer de la dissonance.
- Rendre l’étrange familier : il s’agit d’encourager des interactions régulières et des activités collectives incluant les personnes handicapées pour cultiver le sentiment de normalité, éviter le sentiment de malaise face au handicap, et améliorer le confort psychologique et de tous les participants.
- Réflexion personnelle : encourager les individus à réfléchir sur leurs réactions et à identifier la source de leur malaise, ce qui peut aider à ajuster leurs croyances ou attitudes sous-jacentes.
Exemples de situations
- Malaise face au handicap : un employé se sent mal à l’aise en parlant avec un collègue dont l’élocution est déficiente en raison d’un handicap (bégaiement ou cancer de la langue ou personne sourde oralisant ou infirmité motrice cérébrale…).
- Approche théorique : la dissonance cognitive peut être causée par la croyance que la communication devrait toujours être facile et fluide, notamment au travail ou en formation.
- Mauvaise pratique : éviter la personne pour ne plus avoir à parler avec elle.
- Bonne pratique personnelle : faire preuve de patience, de respect, de considération pour la personne et s’habituer à cette situation communicationnelle.
- Bonne pratique institutionnelle : organiser une formation sur la communication inclusive qui enseigne comment être patient et comment encourager une communication bilatérale efficace.
- Malaise face au handicap: un formateur se sent inconfortable lorsqu’il doit adapter son discours pour un apprenant autiste qui attend des informations factuelles, claires et sans ambiguïté et qui perturbe les échanges en intervenant de façon soudaine et péremptoire.
- Approche théorique : la dissonance survient parce que le formateur croit en l’égalité de traitement pour tous, mais se sent incertain quant à la manière d’adapter sa méthode d’enseignement, voire déstabilisé dans sa posture de « sachant ».
- Bonne pratique personnelle : profiter d’un moment où il est seul avec l’apprenant autisme pour fixer les règles de prise de parole dans le groupe.
- Bonne pratique institutionnelle : organiser des ateliers sur l’adaptation des méthodes pédagogiques pour les besoins spéciaux, aidant le formateur à s’aligner sur ses valeurs d’inclusion.
En utilisant la théorie de la dissonance cognitive comme cadre, les organisations peuvent mieux comprendre et aborder les situations de malaise face au handicap. Cela conduit à des pratiques plus inclusives et à une meilleure intégration des personnes en situation de handicap dans tous les aspects de la vie au travail et en formation.
Des grilles de lecture complémentaires permettent d’éviter plusieurs autres effets pernicieux dans les relations avec les personnes en situation de handicap :
- Améliorer la relation d’aide en entreprise avec l’analyse transactionnelle et le triangle dramatique de Karpman
- Handicap invisible et théorie de l’attribution
- Handicap acquis et cycle du deuil
Consultez le programme de la formation à l’Inclusion des personnes handicapées en cliquant ici.